article Var matin février 2025Du sport pour casser les barrières du handicap
À l’occasion du 20e anniversaire de la loi handicap, la sous-préfète Myriam Garcia a souhaité mettre en avant l’engagement de la section handisport affiliée à l’ASPTT Draguignan.
«Le handicap, ce n’est pas ce qui définit une per- sonne, lançait haut et fort Myriam Garcia, dans l’enceinte du complexe Saint-Exupéry. Chaque être humain a ses spécificités. Moi, je définis davantage une personne par ses traits de caractère, sa façon d’agir, sa manière d’être. » Ven- dredi dernier, à l’occasion des 20 ans de la loi handicap du 11 fé- vrier 2005 (1), la sous-préfète de l’arrondissement de Draguignan, rendait visite à la section handi- sport de l’ASPTT. L’occasion de mettre en lumière l’engagement de la structure et les activités pro- posées. Et plus particulièrement celle du “showdown”.
« Il reste beaucoup à faire »
« J’ai rencontré Jean-Alexandre Cappelaere, président de l’ASPTT Draguignan et responsable de la section handisport, lors des rencon- tres handipétanque, contextuali- sait Myriam Garcia. Je lui ai de- mandé quelles pratiques handi- sports étaient proposées, et il m’a parlé du showdown. » D’où la ren- contre du jour. Si un handicap ne définit pas une personne, il n’est pas non plus un frein à la pratique sportive. Là était bien le message que la sous-préfète entendait porter.
Plus globalement, depuis la pro- mulgation de la loi handicap, il y a 20 ans, « beaucoup d’efforts ont été faits par les pouvoirs publics, sur l’accessibilité, sur l’inclusion pro- fessionnelle ou dans l’accès à un lo- gement adapté », listait la repré- sentante de l’État. « Mais il reste en- core beaucoup à faire… » reconnaissait-elle. Et Jean-Alexandre de rebondir : « En termes d’accessibilité, on se bat notamment tous les jours sur au numérique. Par exemple avec les “Captcha” de sécurité (la case à cocher “Je ne suis pas un robot”, Ndlr) qui bloquent les non- voyants sur le web. »
Quant aux priorités des services de l’État, il y en a quatre pour My- riam Garcia : « La garantie des droits, l’inclusion sociale et profes- sionnelle, l’accessibilité, et éven- tuellement, des compensations fi- nancières. » Autant de domaines dans lesquels les défis à relever sont encore nombreux.
« Je me fais un plaisir de péter les barrières »
« Savez-vous ce que signifie un “défi” pour moi ?, interrogeait Jean- Alexandre, un petit sourire en coin. Ça veut dire “détermination énergique à franchir l’impossible”!» Des obstacles, lui en a franchi à la pelle. « J’ai perdu la vue en 1990. Au début, je me mettais des barrières, mais aujourd’hui, c’est terminé. Je me fais un plaisir de les péter ! Même si parfois, ce n’est pas évident. Notamment parce que les autres pensent qu’on n’y arrivera pas. » Mais lui y parvient sans ciller.
L’engagement de l’homme force le respect. À la tête de la section handisport depuis sa création en 2016, le président et ses acolytes ont mis en place différentes pratiques : tir à l’arc, pétanque, vélos en tandem, musculation avec un coach spécialisé, yoga… « On est même en train d’essayer de créer une section de curling fauteuil à la patinoire de La Garde, pour les jeux paralympiques de 2030. »
De manière globale, lui voit la prise en compte du handicap évoluer, un peu. « Les incivilités sur les trot- toirs, on y est confronté tous les jours… À Draguignan, il n’y a pas de transports pour personnes à mobi- lité réduite…. »
Mais sur d’autres volets, ça pro- gresse. « Au niveau des points d’ap- ports volontaires pour les déchets par exemple. Jusqu’ici, rien n’était prévu pour les personnes non voyantes… On travaille depuis trois ans avec Dracénie Provence Ver- don agglomération sur le sujet. Et bientôt, des lettres en relief seront apposées sur les bacs, pour nous permettre de les différencier les uns des autres. Ce sera une première en France ! », se réjouissait-il.
Le pilier de l’inclusion
Pour revenir au sport, l’un des pi- liers de la section, c’est l’inclu- sion. Réunir personne en situa- tion de handicap et valide, au sein d’une même pratique. Histoire, là encore, de péter les barrières. « Le handicap devient invisible. Et c’est très beau. Ça nous revalorise, nous resociabilise. » Parmi ces sports inclusifs : le showdown donc, une pratique inventée par l’athlète ca- nadien aveugle Joe Lewis dans les années 60. « Un mélange de ping- pong et de jeu du palet. » Un sport qui se joue avec une petite “ra- quette “en bois et une balle rem- plie de billes – pour pouvoir la si- tuer dans l’espace –, sur une table en bois de 3,66 m de long sur 1,22 m de large.
« Pour se saisir de la balle, c’est déjà compliqué ! » lançait Myriam Garcia, équipée d’un masque et d’un gant, au moment de tester la pratique. Mais avec un peu d’exer- cice, la sous-préfète s’en sortait haut la main. Avant de conclure : « Je trouve l’engagement de Jean- Alexandre admirable. Je voulais aussi démontrer, à ceux qui sont touchés par une forme de handi- cap et qui jugeraient la pratique d’un sport insurmontable, que c’est bel et bien possible. »
M.B.
1. La loi du 11 février 2005 a posé les bases d’un modèle de société plus inclusif, en garantissant aux personnes handicapées l’accès à leurs droits, à une scolarité, un travail, et une vie sociale dans des conditions d’égalité.
■ Rens. : ASPTT Draguignan – 04.89.18.53.71 ou 06.70.51.34.98.
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